Ethnies et origines du peuple réunionnais

Comprendre le métissage culturel et social qui fait l'identité de La Réunion

La Réunion, quel drôle de nom… La Réunion de qui, de quoi ? L’île autrefois connue sous le nom de l’île bourbon est aujourd’hui le symbole de l’union. Et pour cause, ici, pas de paniers dans lesquels placer les personnes et les cultures, il y a un peuple réunionnais, une culture, tous deux le résultat d’un brassage ethnique unique au monde, l’exemple réunionnais qui fait sa force.

Et pour comprendre ce brassage, il peut être utile de le décortiquer, revenir aux origines afin de saisir toutes les nuances de l’arc-en-ciel réunionnais.

© Le Département / Hubert Nugent

Plaine des Cafres, zoreil land, marche tamoule, … en vous déplaçant sur l’île vous entendrez de nombreuses expressions faisant référence aux différentes populations en présence sur l’île. Ces groupes se confondent aujourd’hui mais étaient à l’origine bien distincts et issus de vagues migratoires multiples expliquées dans notre article sur « La Réunion et son histoire ».

Certains s’accordent à dire que les premiers hommes à officiellement mettre le pied sur Dina morghabine (nom qu’ils donnaient à l’île) étaient les zarabes. Mais ils n’étaient que de passage sur l’île, les zarabes que l’on rencontre à présent sont davantage les héritiers d’une installation beaucoup plus tardive de musulmans indiens venus à La Réunion pour le commerce textile. Ils possèdent aujourd’hui une grande partie des boutiques de prêt à porter à Saint-Denis ou encore à Saint-Pierre. Premiers arrivés mais au départ aussi vite repartis…

Il faut attendre l’installation plus pérenne des Français (en laissant de côtés les forçats, premiers réels habitants de l’île), accompagnés de leurs serviteurs malgaches, hommes et femmes, qui donnent naissance aux premiers réunionnais, déjà bien souvent issus du métissage.

Plus tard, avec l’exploitation du café, la main d’œuvre issue des colonies afflue. Ainsi, Malgaches, Indiens du Sud, Cafres (Africains de Guinée, Mozambique, …) sont déplacés sur l’île pour y travailler dans les champs (lire l’article « Le Rhum à La Réunion« ), les maisons et autres.

Durant un siècle, esclaves et engagés viennent d’Inde, de Madagascar, du continent Africain, mais aussi de Chine afin de faire prospérer l’économie de l’île. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’abolition de l’esclavage a encouragé l’engagement et ouvert la voie à une nouvelle immigration de l’engagisme (il n’y a plus d’esclaves mais des travailleurs sous-rémunérés), en plus des pays déjà cités, hommes et femmes viennent aussi des Comores, de Rodrigue et d’Europe pour travailler. Certains engagés repartent à la fin de leur contrat et d’autres décident de rester.

Les travailleurs venant d’Inde (Tamil Nadu, Bengale, …) deviennent les tamouls ou les malbars que l’on connait à présent en grande partie installés à Saint-André et Saint-Louis.
Les cafres restent implantés sur toute l’île.
Les chinois, tenant traditionnellement des commerces et restaurants dans les bourgades de la côte restent plutôt dans les bas.

Il faut attendre la départementalisation en 1947 pour assister à une installation plus massive de ceux qui sont appelés les zoreils, les français métropolitains et français installés dans les colonies à ne pas confondre avec les yabs des hauts (anciens petits propriétaires blancs) ou les zoréols (nés de l’union d’un zoreil et d’un créole ou zoreil assimilé créole).

À l’heure actuelle, ces siècles de migrations de tous peuples, toutes langues et toutes cultures ont donné naissance à une population de toutes les couleurs qui aime réunir la différence (lire l’article « La Réunion, une terre de diversité« ).

Tout est à cette image : la cuisine est le pur produit de traditions entremêlées où le riz, le chow mein, les samoussas, le cari, le briani, le bouchon et tant d’autres mets venus du monde entier se côtoient.

© Serge Gélabert

Les cultes se pratiquent à La Réunion dans le plus grand respect (voir la vidéo: Les marches sur le feu), se saluent même parfois quand temple hindou, église ou mosquée sont voisins comme c’est le cas à Saint-Louis.

© Serge Gélabert

La flore même est multiple : banane, ananas, letchi, longani, coco, hibiscus, flamboyant, tamarin, pitaya, fraise, citronnelle, géranium,… la flore est aussi de partout.

© Serge Gélabert

La langue par ailleurs ne pouvait être que marquée par ces origines diverses. Ainsi, du temps des colonies, l’africain et le français ou l’anglais devaient pouvoir se comprendre. Langue évidemment parlée et non écrite, le créole réunionnais est essentiellement basé sur une syntaxe africaine au vocabulaire français et anglais phonétique. Ainsi le si doux « mi aime a ou » est représentatif de la syntaxe africaine : sujet, verbe, complément et du vocabulaire français (« aime ») et anglais (« mi » et « ou » – « you »).

Cette langue ne s’apprend pas, elle se vit, elle est, elle aussi, plurielle, multiple, teintée de l’histoire d’une zone de l’île, d’un village, d’une famille,…

À La Réunion, on ne se demande pas d’où l’on vient individuellement mais bien où nous irons ensemble.

> Regarder la vidéo sur l’histoire de La Réunion <

Voir aussi :
> Les musées de l’île
> Les sites culturels incontournables
> Les 10 choses qui rendent l’ile à la fois unique et exceptionnelle
> Les marchés traditionnels de La Réunion
> Vidéo : Le Maloya
> Vidéo : La fête du Dipavali

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